Le parc Monceau, un jardin d’Éden

Date

01 Juil 2023
Expiré!

Heure

14h00 - 17h00

Tarif

GRATUIT
© Régis Labourdette

Cette promenade est organisée avec le soutien de la DRAC. Elle s’inscrit dans le cycle intitulé Littérature dans la ville.

La Folie de Chartres, premier avatar du parc Monceau, est née en 1773 sous les auspices de la rencontre des arts : son créateur, Carmontelle, était autant jardinier, théoricien de la nature ou ingénieur qu’homme de lettres, auteur de théâtre voire cinéaste avant l’heure. Et n’a-t-il pas placé l’action de l’un de ses Proverbes (petite pièce de théâtre) dans un jardin à l’anglaise qui fait plus qu’évoquer cette Folie de Chartres ? À nous de savoir lire quelles relations se tissent entre les tragiques ou idylliques aventures des innocents amants et la qualité du lieu, entre la qualité du lieu et les agréments littéraires de tant de délicatesses subtilement enchevêtrées. Le parc est alors pleinement l’image du jardin d’Éden.

Puis d’autres auteurs accompagneront les transformations du parc, de l’abbé Delille à Charles Véron. Ce sont la Révolution, les modifications d’usage, les fêtes, les abandons, les changements de propriétaires jusqu’à l’acquisition par la ville et la création d’un lotissement de grand luxe sur une part du parc par les frères Pereire. Et le parc, tel qu’entièrement réorganisé par Davioud dans les années 1860, pourra devenir un haut lieu de l’action de Bel Ami (1885) : Maupassant y décrypte avec une rare clairvoyance les spécificités d’un tel espace public, par opposition à la rue, l’église, la salle de spectacle ou… la garçonnière, cependant que ses phrases suivent les cheminements de l’un à l’autre. Et dans Fort comme la mort (1889), le parc acquiert étrangement le statut de modèle pour comprendre le monde.

Nous n’aurons pas oublié Zola et La Curée (1871), Ernest Dumont et la chanson Le Jeune homme du parc Monceau, et quelques autres.  Enfin nous rejoindrons Claudine à Paris (1901), sur le trajet, aussi géographique que mental ou quasi métaphysique, du fameux omnibus Panthéon-Courcelles : c’est un enchantement que de lire de quelle manière Colette moule ses phrases sur les lieux et de voir combien notre compréhension en ressort totalement vivifiée. « Le parc Monceau, vert, avec ses pelouses tendres voilées de jets d’arrosage en rideaux vaporeux, m’attire comme quelque chose de bon à manger. » C’est l’alliance d’un rythme emphatique, digne d’un vers de tragédie, de l’attention au réel dans sa qualité si on peut dire tactile, et de l’envol capricieux, fantaisiste des mots où va se nicher la sensation la plus directement sensuelle : ce sont les délicieux écartèlements de Colette, et une occasion de regarder autrement le parc, aussi.

Concepteur

Régis Labourdette

Historien de l'art et photographe.

Cycles de promenades
  • RENDEZ-VOUS: Rendez-vous à 13h45, devant la rotonde du parc Monceau, boulevard de Courcelles, à l’extérieur du parc (métro Monceau)
Complet !