Les Nuits de Paris

Dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle, un étrange personnage a sillonné les rues du Marais et de ses alentours, sur la rive droite et sur la rive gauche : de nuit. On le connaissait sous le surnom de spectateur nocturne ou hibou spectateur. Cet homme a rapporté au fil de centaines et  de centaines de pages le récit de ses errances vouées aux gens et surtout aux femmes que la nuit révélait ou mettait en danger, ce sont Les Nuits de Paris. Cet homme a aussi laissé la mémoire des milliers de graffiti, journal codé de sa vie qu’il a gravé un peu partout, notamment sur les parapets des quais de l’île Saint-Louis, dans son texte intitulé Mes Inscriptions ; ils ont tous disparu sauf un. Cet homme, c’est Restif de la Bretonne, romancier prolifique, témoin privilégié de son époque ou, faudrait-il plutôt dire, de ses époques, indicateur de police peut-être, obsédé par les femmes, les jeunes femmes et l’amour, hanté par les turpitudes de la grande ville dont il voulait se faire le définitif fossoyeur.

À nous de le lire et de suivre quelques unes de ses errances, à nous de l’accompagner chez cette étrange marquise, une consœur en redressement moral dont nous aurions aussi grand besoin,  à nous de considérer, en empruntant son regard inquisiteur, la ville d’un autre œil.