[LES PERLES/DRAC IDF] Sauver la cité-jardin…
… DE LA BUTTE ROUGE ET DE LA RADIALE SUD UNIVERSITAIRE
Des « Grandes villes et systèmes de Parcs » à la Cité-Jardin de Chatenay-Malabry (label Architecture contemporaine remarquable)
Promenade proposée dans le cadre du cycle LES PERLES/Cycle de promenades-alerte « Paysage » relatives au territoire du Grand Paris en Île-de-France.
Lors du grand débat sur la destination des terrains libérés par l’arasement des fortifications de Paris, Jean-Claude Nicolas Forestier inspecteur des eaux et forêts, conservateur des promenades de la Ville de Paris (fin XIXème-début XXème siècle), dénonce dans de puissantes campagnes médiatiques la carence d’espaces libres et de parcs publics urbains dans Paris et sa banlieue.
Aujourd’hui face au déni du paysage du projet du Grand Paris, cet ingénieur paysagiste de renommée mondiale se serait certainement engagé, militant pour un projet global – au delà des 12 territoires administratifs actuels – un véritable programme à long terme et à l’échelle régionale, qu’il a présenté précisément dans son manifeste publié en 1908 « Grandes villes et systèmes de Parcs » (Cf ouvrage éponyme B.Leclerc et S.Tarragò, Norma 1997).
Un projet métropolitain centré sur la création d’espaces « libres »: squares, jardins, parcs urbains et suburbains, grandes réserves et paysages protégés… Une continuité de Nature reliée par des avenues-promenades plantées et en particulier par des voies radiales (p.146, dito).
La cité-jardin de la « Butte Rouge », un joyau de notre métropole, comme l’a énoncé Jean-Louis Cohen, a été construite sur la « Radiale Sud Universitaire » programmée par JCN Forestier à partir de 1923, mais réalisée qu’en partie : un « système de parcs » reliant le Quartier Latin au Plateau de Saclay via le Parc de la Cité universitaire internationale de Paris, le parc de Sceaux, la cité universitaire d’Antony.
Sorte d’espace d’entrée de notre capitale, la Butte Rouge faisait déjà partie du Projet d’extension de Paris, de 1919. Elle est construite entre 1931 et 1940, puis agrandie (1949 à 1965), par Joseph Bassompierre, Paul de Ruté, Paul Sirvin, André Arfvidson architectes, et André Riousse paysagiste.
Ces concepteurs réussissent à faire cohabiter la rationalisation et standardisation des plans types des maisons économiques pour des « petits salariés », avec une topographie mouvementée, et ceux-ci par la profusion d’espaces plantés.
Jardins « communs », jardins privatifs d’ornement, de production, coulées vertes, plantations d’accompagnement des voies. Le circuit de l’eau, sous forme de fontaines, participe à l’ensemble du projet.
Le résultat est le manifeste d’une nouvelle culture urbaine, aujourd’hui perduré dans sa douce et fluide continuité d’espaces architecturés et paysagés.
A travers notre promenade-alerte « Paysage » surgi la volonté de faire émerger cette primordiale continuité spatiale, écologique et sociale, toujours aussi cruciale.
Une référence, précise et efficace, à interpréter pour construire l’avenir du paysage de la cité-jardin de la « Butte Rouge », aujourd’hui menacée par la pression foncière et pourtant, « excellant témoignage de la qualité de l’urbanisme en France et préfiguration des éco quartiers à venir ».
Un classement au titre de la mémoire de l’histoire urbaine est indispensable pour la «sauver ».
Avec les interventions de Bernadette Blanchon, architecte et maître de conférences à l’ENSP de Versailles, Marc Sirvin, architecte, et Jean-Louis Cohen, architecte et historien au Collège de France (sous réserve)