Un Bel Horizon pour Les Promenades urbaines à Oran

Date

11 Mai 2012
Expiré!

Heure

8h00 - 18h00
oran 2012 05 11
Un plan d’Oran

Du 11 au 13 mai 2012, L’association Les Promenades Urbaines, représentée par Catherine Le Teuff et Régis Labourdette, a été invitée à Oran par l’Institut français d’Oran (anciennement CCF) et l’association Bel Horizon dans le cadre d’un partenariat pour conjuguer leurs approches de la ville et leurs expériences respectives de promenades urbaines.

Journée très dense avec une promenade collective, un repas en tête à tête avec le directeur de l’Institut français, Gaëtan Pellan et M. Metair puis la conférence à l’Institut français avec projection d’images sur les Promenades urbaines (15h-18h).
Nous commençons par une rencontre à l’Institut français où nous faisons connaissance avec les personnes qui ont déjà fait beaucoup pour notre venue, à la fois Gaëtan Pellan (directeur) et Pascale Morant, son assistante et toute l’équipe de l’Institut. Nous parcourons les lieux, à la fois centre ressources sur la culture française et aussi porte d’entrée vers la France via l’enseignement du français et les demandes de bourse pour les étudiants algériens souhaitant poursuivre un cursus à l’étranger (Campus France). L’architecture des lieux est tout à fait marquée dans le courant de la postmodernité. L’architecte oranais (toujours membre de l’Institut français) Robert Doisy a lié entre elles une ancienne maison (19e siècle) et une nouvelle construction toute de structure métallique bleue tri dimensionnée. Celle-ci s’avère très pratique et distribue les lieux entre la médiathèque, l’espace Campus France, et la galerie d’exposition à proximité de l’auditorium (où nous présenterons nos communications l’après-midi). Nous prenons un peu de temps au rayon « architecture » de la médiathèque en promettant de faire des propositions d’acquisitions d’ouvrages et d’abonnements. C’est la revue Urbanisme qui est l’un des abonnements.
Le rendez-vous à 10h pour le début de la « Promenade urbaine » (50 participants) organisée par Bel Horizon avec une bonne dizaine de guides, portant tous T-shirts orange à l’effigie de Bel Horizon, se fait à leur local.
Le président et Abdel seront les guides, les prises de parole se font sans micro à la fois face à la totalité des promeneurs et en petits groupes qui se forment au fur et à mesure. Les objectifs de cette promenade sont d’aller à pied, du centre actuel vers le vieil Oran (les fortifications espagnoles et plus anciennes encore) puis de commencer l’ascension vers Santa Cruz, par le Front de mer puis la promenade de Létang (espèces végétales rares, panoramas sur la ville exceptionnels).
La cinquantaine de promeneurs (dont un journaliste d’El Watan) sont un groupe hétérogène, à la fois des professionnels de la ville (architectes diplômés ou étudiants), des amis qui se retrouvent, des amateurs de l’histoire d’Oran, un groupe d’étudiants espagnols, une famille française expatriée, etc.
Au fur et à mesure, le groupe avance dans des quartiers où la voiture a de moins en moins de place. Nous ne le ressentirons que plus tard, mais nos guides Bel Horizon assument une fonction d’agents de sécurité et sont un signe de reconnaissance pour les policiers en service. Après le Front de mer, on va longer les fortifications d’Oran au pied desquelles s’est développée la promenade de Létang, du nom d’un gouverneur français qui y fait planter des espèces végétales rares ou originales car non locales.
C’est aussi là, un lieu occupé par des hommes qui consomment de l’alcool et qui laissent les souvenirs de leurs passages au sol !
Histoire aussi d’une porte (dans le sens porte architecturée) qui fut celle de l’entrée d’un caravansérail démoli et qui s’est retrouvée installée là, face à la mer. Une photographie dans le local de Bel Horizon nous l’avait montrée in situ. Lorsqu’une tempête l’a mise à terre, les autorités n’ont pas cherché à la remonter. Elle gît par terre actuellement, alors que Bel Horizon avait fait une proposition de reconstruction qui est restée bloquée à Alger, centre des décisions. Pas de décentralisation en Algérie, la capitale est le lieu où sont tous les ministères et qui fait le choix de ses priorités en matière de patrimoine à sauvegarder aussi.
Discussion lorsqu’on aperçoit de loin, puis de près, une architecture inachevée tout en béton ! Kouider Métair nous informe qu’il s’agit d’un projet d’hôtel de luxe signé Fernand Pouillon ! Entièrement pris à l’intérieur des fortifications restées propriétés de l’armée puis actuellement d’Oran, ce lieu pourrait connaître un nouveau destin ? Bel Horizon n’avait pas encore ressenti notre goût pour le patrimoine « béton » ou 20e siècle ! La promenade nous fait aborder autrement notre association LPU.

En sortant de cette promenade on entre dans des quartiers populaires où des enfants souhaitent être photographiés par Régis ! On passe à côté d’une salle de sports « Marcel Cerdan », halle métallique qui abritait aussi un marché. On tente de garder le rythme et de poursuivre dans des ruelles escarpées (escaliers nombreux) pour rattraper le reste du groupe. Par des rues ou chemins assez dégradés on s’approche du quartier de la mosquée de la Perle et on passe à côté de l’église Saint-Louis (avec des dômes, bâtie selon le plan en 1668), il s’agit du quartier Haï Inn.
L’étape suivante c’est le quartier d’El Marsa, ancien quartier espagnol de La Calera entièrement détruit aujourd’hui (ou presque). C’était un quartier de marins, puis des Espagnols s’y installèrent et il connut un massacre en 1962, volontairement commis par le FLN pour placer Oran dans la guerre d’Indépendance.

Dans ces ruelles, il m’est impossible de photographier. Les pans de murs laissés visibles, nous enseignent les modes d’occupation des lieux, les époques qui se suivent.
On prendra alors le « camino de la muerte », sente des douaniers qui longe en abrupt la côte très pentue, chemin qui mène à Mers-El-Kebir, ville voisine d’Oran et premier port.
Après une photo de groupe, sorte de rituel où tout le groupe se place dos à la mer, nous faisons demi-tour pour regagner par la place de la Perle (mosquée, Vieil Hôpital d’Oran) le centre-ville.

En chemin, nous croisons dans le dédale des ruelles une Zaouia, et c’est une promeneuse qui m’explique le sens de cette petite construction toute de vert. Il s’agit d’une fondation musulmane qui peut soit accueillir un lieu d’enseignement du coran, où l’imam sera également sollicité pour ses conseils. Soit le lieu s’ouvre à des accueils de voyageurs ou d’hôtes de passage.

La fin de la promenade Bel Horizon se fait à l’heure attendue (vers 13h), le public s’est un peu modifié en cours de balade, mais personne ne souhaite monter dans le bus pour regagner rapidement les locaux de Bel Horizon. Tout le monde repart à pied, avec invitation à tous à venir écouter les conférences de l’après-midi à l’Institut. Nous seuls (Régis et moi) restons sur la place de l’ancienne préfecture (à l’état d’abandon) avec Kouider Métair, en attendant le rendez-vous suivant. Nous allons déjeuner avec Gaëtan Pellan dans un restaurant de poisson avant de regagner l’Institut en voiture pour les présentations de l’après-midi. Au cours du déjeuner, nous allons découvrir l’engagement de Gaëtan dans les sphères culturelles d’Oran et faire le point sur les motivations de LPU dans ce partenariat.